Expérimentation Oui-pub : un bilan en demi-teinte

Le ministère de la Transition écologique a mis en place une expérimentation touchant 14 collectivités territoriales et visant à limiter la distribution de prospectus publicitaires aux seuls foyers ayant apposé un autocollant “Oui-pub” sur leur boîte aux lettres. La CNAFC a été consultée lors de cette mise en place qu’elle approuve sur le principe en remplacement du « stop-pub » peu respecté. Un bilan du ministère accompagné d’analyses de l’Agence de la transition écologique (ADEME) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) a été publié le 10 janvier 2025.
Entre impacts environnementaux discutables et conséquences socio-économiques notables
L’expérimentation qui touche 3 % de la population française, doit s’achever en mai 2025. Elle révèle de nombreuses interrogations sur ses impacts réels, tant environnementaux que socio-économiques.
Un rapport sans conclusion tranchée
Le rapport n’appelle pas à une généralisation du dispositif et recommande une grande prudence. Aucune décision ne sera prise sans encadrement législatif, les résultats étant jugés trop partiels ou ambigus pour justifier une orientation claire à ce stade.
Réduction du papier… mais à quel prix ?
L’expérimentation a permis de réduire de 48 % en moyenne le tonnage des déchets papier collectés. Toutefois, cette baisse ne peut être attribuée uniquement au dispositif Oui-pub, car elle coïncide avec d’autres phénomènes externes (crise sanitaire, hausse du coût du papier ou encore contexte géopolitique).
L’analyse de cycle de vie menée par l’ADEME révèle par ailleurs que le numérique n’est pas nécessairement plus vertueux que le papier : ses impacts environnementaux peuvent être équivalents, voire supérieurs, notamment en raison de l’empreinte croissante des data centers, de la vidéo en streaming ou de l’intelligence artificielle.
Un dispositif peu connu et aux effets sociaux marqués
Seulement un habitant sur deux dans les zones tests connaissait l’existence du Oui-pub ou savait comment obtenir l’autocollant. En parallèle, les résultats sociologiques révèlent un paradoxe : certaines personnes ayant apposé le Oui-pub ont regretté la baisse de réception de prospectus.
L’expérimentation a également eu des effets importants sur l’emploi. L’arrêt ou la réduction de la distribution d’imprimés publicitaires fragilise une filière qui emploie près de 60 000 personnes. Les PME locales, en particulier en zones rurales ou périurbaines, se retrouvent démunies, n’ayant pas encore développé d’alternatives numériques efficaces.
Une communication numérique pas toujours accessible ni neutre
Le basculement vers le tout-digital pose également des enjeux d’accessibilité. Nombreux sont les foyers, notamment les plus modestes ou les personnes âgées, qui restent éloignés du numérique. Le Oui-pub peut ainsi aggraver la fracture numérique et priver une partie de la population d’informations utiles à la gestion de leur pouvoir d’achat.
L’expérimentation a aussi un effet collatéral sur la communication institutionnelle. Les élus locaux, qui profitaient des volumes d’impression mutualisés pour informer leurs administrés, voient les coûts grimper, mettant en péril la diffusion équitable de l’information publique.
En définitive, l’expérimentation Oui-pub, bien que prometteuse sur le papier, révèle des conséquences profondes et complexes. Si la réduction des déchets est un objectif louable, elle ne saurait justifier, en l’état actuel des résultats, la disparition d’une filière essentielle à l’économie locale et à l’accès à l’information. Le rapport plaide donc pour une approche raisonnée, privilégiant un équilibre entre papier et numérique, et fondée sur des pratiques de communication plus durables, inclusives et adaptées aux besoins réels des citoyens.
La CNAFC, association de consommateurs
La Confédération nationale des Associations Familiales Catholiques (CNAFC) est l’une des 16 associations de défense des consommateurs reconnues par la DGCCRF (la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). Grâce à cet agrément, la CNAFC vient en aide à tous les particuliers qui rencontrent des difficultés d’ordre commercial avec des entreprises. Ainsi, en cas de litige, toute personne, même non adhérente aux AFC, peut contacter l’une des nombreuses antennes consommation disséminées dans toute la France.