Ecologie et Doctrine sociale de l’Église
La consommation responsable est au cœur de l’encyclique Laudato si’ du pape François parue en 2015. Celle-ci a marqué toute une génération de catholiques qui ont pu y voir une irruption inattendue de l’Église dans ces problématiques. Pourtant, la lettre pontificale s’inscrit dans la tradition qui développe depuis plusieurs décennies toute une réflexion autour de l’écologie.
Le gaspillage et le respect de la création
Pie XII s’insurgeait contre le gaspillage dans un message radiodiffusé, le 4 avril 1946 : « Le gaspillage ! Pères et mères de familles, faites que vos enfants comprennent mieux quelles choses sacrées sont le pain et la terre qui nous le donne. Notre époque l’avait trop oublié. »
Saint Jean XXIII forge l’expression « sauvegarde de la création ». Dans l’encyclique Pacem in Terris (1963), il montre en quoi le respect de la création, mais aussi de l’homme, lui-même est la garantie de la préservation de la paix entre les peuples. Dans son message à l’ONU sur les matières premières et l’environnement le 9 avril 1974, saint Paul VI dénonce le gaspillage des biens et encourage un style de vie plus sobre : « Un style de vie fondé sur une consommation toujours plus grande a des effets nocifs sur la nature et l’environnement, et finalement sur la trempe morale de l’homme lui-même, et spécialement de la jeunesse. »
La recherche du « vrai, du beau et du bon »
Le dixième chapitre du Compendium de la Doctrine sociale de l’Église est entièrement consacré à la sauvegarde de l’environnement qui implique une meilleure attitude du consommateur. « Les graves problèmes écologiques requièrent un changement effectif de mentalité qui induise à adopter un nouveau style de vie » (§ 486), précise le Compendium, en se référant directement à l’encyclique du pape saint Jean-Paul II, Centesimus annus (1991).
Le choix de notre consommation doit être fait en fonction de la recherche du « vrai, du beau et du bon », en « communion avec les autres hommes » (Centesimus annus, § 839) : « Il faut sortir de la logique de la simple consommation et encourager des formes de production agricole et industrielle qui respectent l’ordre de la création et satisfassent les besoins primordiaux de tous » (Compendium § 486).
Ecologie de l’homme
Dans l’encyclique Caritas in veritate (2009), Benoît XVI associe la prise de conscience écologique à la question du développement intégral de l’humain : « L’Église a une responsabilité envers la création […] elle doit préserver non seulement la terre, l’eau et l’air comme dons de la création appartenant à tous, elle doit surtout protéger l’homme de sa propre destruction. Une sorte d’écologie de l’homme, comprise de manière juste, est nécessaire » (§ 51).
Il fait ainsi le lien entre les différentes crises écologiques, sociales, morale et économiques contemporaines.
Ecologie intégrale
L’encyclique Laudato si’ permet d’amener à maturité cette conscience écologique dans l’Église qui a plus d’un demi-siècle. En utilisant l’expression d’« écologie intégrale », le pape François rappelle, en complétant la pensée de Benoît XVI, que « la culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d’apparaître par rapport à la dégradation de l’environnement, à l’épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l’avancée du paradigme technocratique ».