Dans une récente série de catéchèses, le pape François donne ses clés pour un discernement sous le regard de Dieu.
« Les choix sont une partie essentielle de la vie, qu’il s’agisse de choisir un objet, une relation, et surtout notre relation avec Dieu ». C’est pour cela que le pape François a choisi de consacrer une série de ses catéchèses hebdomadaires à la question du discernement. Tout au long de ces quatorze allocutions, du 31 août 2022 au 4 janvier 2023, il a ainsi longuement présenté les éléments qui lui semblent indispensables pour relever ce « défi » auquel « Dieu nous invite, puisqu’il nous a créés libres et veut que nous exercions notre liberté ».
Parmi les ingrédients d’un bon discernement, la prière qui s’adresse à dieu « comme à un ami », « car la familiarité vainc la peur ou le doute ». comme le montre la vie des saints, la prière « nous rend de plus en plus capables de reconnaître ce qui est essentiel, ce qui jaillit du fond de notre être. » mais elle ne suffit pas : « il faut aussi une connaissance de soi. Nous ne savons pas discerner, souvent parce que nous ne nous connaissons pas suffisamment et ne savons pas non plus ce que nous voulons vraiment », continue le pape, qui appelle à un « travail intérieur patient », pour reconnaître nos émotions, nos sentiments et « nos facultés spirituelles », notamment au moyen de l’examen de conscience.
Mais puisque « le discernement est une forme de recherche qui naît toujours de quelque chose qui nous manque », le désir est l’un des « ingrédients indispensables » aux yeux de François, qui le décrit comme « une nostalgie de plénitude, un signe de la présence de Dieu en nous ». mais attention aux confusions : celui-ci « perdure dans le temps et tend à se concrétiser », contrairement à la façon dont le définit « l’époque où nous vivons », qui « semble favoriser la plus grande liberté de choix, mais en même temps elle atrophie le désir, le plus souvent réduit à l’envie du moment. »
En bon jésuite, le pape François convoque saint Ignace, le maître du discernement, et ses célèbres exercices. À sa suite, il appelle à être attentif aux signes affectifs que sont la « désolation » et la « consolation », ainsi qu’« à la phase qui suit immédiatement la décision prise, afin de saisir les signes qui la confirment ou qui la réfutent » : « Un de ces signes est de savoir si la décision prise répond à l’amour et à la générosité du Seigneur envers nous. La conscience de se sentir à sa place dans la vie est un autre élément important. De même, un signe de confirmation consiste dans le fait de rester libre par rapport à ce qui a été décidé, étant même capable d’y renoncer. Seul Dieu sait ce qui est vraiment bon pour nous et il est de notre intérêt de lui offrir ce que nous avons de plus cher, car notre vie repose dans ses mains bienveillantes. »
Parmi les outils dont disposent les chrétiens pour discerner leurs choix, le pape relève enfin l’accompagnement spirituel : « Il convient avant tout de se faire connaître de l’accompagnateur, de ne pas craindre de lui révéler ses faiblesses et ses fragilités. Lorsque l’accompagnement est docile à l’Esprit Saint, il aide à démasquer les équivoques, même graves, dans la considération que nous avons de nous-mêmes et dans la relation avec le Seigneur. »
Le billet spirituel
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? »
Il y a quelques semaines, nous fêtions la belle figure de saint Joseph. Pour cette solennité, l’Église nous proposait dans l’Évangile de saint Luc au chapitre 2, versets 41 et suivants, de méditer le passage dans lequel les parents de Jésus le cherchent, et où la seule réponse de leur enfant face à leur interrogation est : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Jésus se montre à cet instant en face de ses parents comme un adolescent qui se dévoile progressivement. Pour tout parent, tout éducateur, il est bien souvent difficile de comprendre les adolescents, qui n’arrivent pas euxmêmes à se comprendre.
Le temps de l’adolescence est un temps complexe pour tous mais essentiel pour l’enfant – étymologiquement celui qui ne parle pas – qui va rentrer dans la vie adulte. cette complexité est accrue par la diversité des lieux de vie des adolescents d’aujourd’hui : la famille, l’école et les divers endroits dans lesquels il entre en relation, que ce soit avec ses amis ou sur les réseaux sociaux. La plus grosse difficulté pour les jeunes est de parvenir à une unité entre ces trois lieux de vie. La famille, qui est une église domestique, et l’Église, jouent donc un rôle essentiel, tout particulièrement pendant cette période. Faisons en sorte que l’adolescent puisse être accueilli, qu’il puisse redécouvrir et approfondir le fait qu’il est aimé par sa famille et par dieu d’un amour indéfectible.
Père Pierre Machenaud, conseiller ecclésiastique de la CNAFC