Quelle place pour des états généraux de la laïcité ?
Chronique des AFC sur RCF le mardi 27 avril
Une initiative face à la critique
Marlène Schiappa a lancé une initiative qui a pris tout le monde de cours, à commencer par le gouvernement. Les réactions à cette annonce ont été nombreuses. Certains ont eu l’impression qu’un débat sur la laïcité arrivait après le vote de la loi sur les principes de la République, d’autres que des états généraux ne sont suivis d’effet que lorsqu’ils vont dans le sens de leurs initiateurs et qu’ils servent surtout à influencer l’opinion publique. Une trentaine d’associations a déjà annoncé qu’elle refuserait d’y participer.
La ministre a justifié son projet. Elle chercherait à “sortir de la tenaille entre d’un côté les identitaires d’extrême droite et de l’autre les indigénistes et Europe Écologie-Les Verts”. Son intention serait de dépassionner le débat en ouvrant le dialogue. La question est de savoir s’il ne valait pas mieux s’en tenir à la “laïcité de reconnaissance” déjà décrite par Emmanuel Macron aux Bernardins plutôt que de relancer une polémique.
La Laïcité, et la loi de 1905 qui l’a instaurée en France, peut être considérée comme un armistice après les déchirements de la société autour de cette question, au XIXe et au début du XXe siècle.
Le sens de la laïcité
L’acception de la laïcité qui a longtemps prévalu est celle de la neutralité de l’État en matière religieuse. Mais la loi de 1905 a été écrite en une période où l’islam n’existait quasiment pas en France. De nouveaux enjeux sont apparus, la menace islamiste étant le plus actuel et le plus inquiétant. La compréhension de la laïcité a glissé : elle se retrouve régulièrement utilisée pour tenir les religions à distance et les invisibiliser de la sphère publique. C’est l’inverse de la loi de 1905 qui organisait la place des religions dans l’espace public.
Notre existence même est une illustration de la laïcité à la française. Mouvement ouvertement inspiré par l’enseignement social de l’Église, nous apportons notre vision dans de nombreux organismes publics ou privés où nous représentons les intérêts des familles. Nous n’agissons jamais comme un “lobby catho” mais nous nous efforçons de représenter toutes les familles.
Nous tenons ainsi notre place de corps intermédiaire et contribuons à édifier la société dans le pluralisme du débat public.