Fin de vie : « Les députés ouvrent une porte dont ils seront responsables »

Une intervention de Pascale Morinière à écouter sur RCF
RCF : Comme de nombreuses autres personnes, vous avez alerté à plusieurs reprises à propos de la loi fin de vie. Que se passe-t-il aujourd’hui ?
P.M. : Les deux propositions de loi, celle sur les « soins palliatifs » et celle sur « le droit à l’aide à mourir » seront votées cet après-midi à l’Assemblée lors d’un vote solennel. Le « vote solennel » est un scrutin annoncé à l’avance avec un formalisme accru, ce qui lui donne davantage de retentissement. Il s’agit de la première lecture de l’Assemblée. Le texte va ensuite suivre le processus de la navette parlementaire avec un examen au Sénat à la rentrée.
Ces deux textes viennent d’être discutés dans l’hémicycle au cours des 2 dernières semaines. Les députés, généralement du centre et de la gauche, sont restés imperméables à toutes les demandes d’amendements permettant de limiter les abus ou les dérives.
RCF : Que voulez-vous dire ? Les conditions d’accès seront strictes !
Oui, c’est ce que nous écrivent un certain nombre d’élus, rassurés par les 5 conditions d’accès : la volonté libre, l’âge de plus de 18 ans, la résidence sur le territoire français, une affection grave et incurable en phase avancée ou terminale, des souffrances physiques ou psychiques réfractaires ou insupportables.
Mais on sait que les pays étrangers qui ont légiféré avec des conditions strictes les voient rapidement dériver avec le cadre : la Belgique euthanasie désormais les mineurs ou des malades dépressifs, aux Pays Bas il peut s’agir de malades âgés souffrant de polypathologies, au Canada, l’aide à mourir concerne également des gens en précarité faute d’accès aux soins. Il faut oser rappeler que la tradition de la gauche n’est pas le libéralisme libertaire mais l’attention aux plus démunis de la société !
RCF : Ces députés peuvent aussi penser qu’ils ne sont pas indéfiniment responsables de ce qui se passera après eux !
P.M. : C’est la position de Mme Firmin le Bodo. Mais « gouverner c’est prévoir » ! Quand on lève un interdit structurant comme l’interdit de donner la mort, on est responsable des suites qui seront données ! Les députés sont responsables de la porte qu’ils ouvrent aujourd’hui et seront donc aussi responsables des dérives que d’autres voteront plus tard. Ils ne peuvent se contenter de se rassurer parce que « les garde-fous sont solides et que le sujet est consensuel dans leur parti », comme l’un d’eux nous l’écrit ! Certains élus devraient travailler davantage !
Contre l’euthanasie, les AFC agissent !
- Les souffrances cachées de l’euthanasie : un documentaire inédit a été tourné par les AFC auprès de personnels soignants en Belgique
- Ensemble pour la Vie : c’est le site lancé par les AFC qui permet d’écrire aux parlementaires sur le sujet de la fin de vie
- Campagnes de sensibilisation et rencontres avec les parlementaires
Déjà en 2024 :
- Les AFC ont rencontré la sénatrice Christine Bonfanti-Dossat, afin de présenter le documentaire au Sénat
- En mai 2024, la mairie de Paris annule son affichage faisant la promotion de l’euthanasie suite au référé liberté initié par les AFC
- En 2024, Les AFC ont soutenu le tractage organisé par Faim2Vie, l’association des conventionnels opposés à toutes formes d’euthanasie
- La Confédération nationale a envoyé les livrets La fin de vie en question aux députés pour qu’ils se posent les bonnes questions au moment des débats dans l’hémicycle.
- Une lettre signée par 44 médecins a été envoyée au Conseil national de l’Ordre des médecins, pour lui demander une position ferme sur l’aide à mourir.
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