17/03/2025

Les Bons Samaritains de la fin de vie

Un éclairage de la Doctrine Sociale de l’Eglise sur la fin de vie.

C’est la figure du Bon Samaritain, « médecin des âmes et des corps et “témoin fidèle” (Ap 3, 14) de la présence salvatrice de Dieu dans le monde » qu’a convoqué le Magistère dans son texte le plus récent sur « le soin des personnes en phases critiques et terminales de la vie ». Dans cette lettre de 2020, Samaritus Bonus, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi reprend tout l’enseignement du Magistère sur la question de la fin de vie. Elle entend donner des pistes pour « accompagner la personne malade dans les phases terminales de la vie, de manière à l’assister tout en respectant et en promouvant toujours sa dignité humaine inaliénable, son appel à la sainteté et, par conséquent, la valeur suprême de son existence même ». 

De nos jours, constate le texte, « la gestion organisationnelle ainsi que l’articulation et la complexité élevées des systèmes de santé contemporains peuvent réduire la relation de confiance entre le médecin et le patient à une relation purement technique et contractuelle. Un tel risque pèse lourdement sur les pays où sont adoptées des lois légitimant les formes de suicide assisté et d’euthanasie volontaire des patients les plus vulnérables. » (§3) Face à ces défis, « Les soins dits palliatifs sont l’expression la plus authentique de l’action humaine et chrétienne qui consiste à prendre soin, le symbole tangible du fait “d’être debout” par compassion auprès de ceux qui souffrent. » (§63) 

La lettre plaide pour qu’un « effort déterminé » soit fait « pour étendre ces soins à ceux qui en auront besoin, non seulement dans les phases terminales de la vie, mais aussi comme une approche intégrée des soins en relation avec toute pathologie chronique et/ou dégénérative, qui peut avoir un pronostic complexe, douloureux et funeste pour le patient et sa famille ». Elle insiste aussi sur le fait que « L’assistance spirituelle au malade et à sa famille fait partie des soins palliatifs » : « L’horizon vital d’une maladie terminale génère une profonde souffrance chez le malade, qui nécessite une attention qui ne soit pas seulement technique. Spe salvi facti sumus, c’est dans l’espérance, l’espérance théologale orientée vers Dieu, que nous avons été sauvés, dit saint Paul (Rm 8, 24). » (§67) 

Inévitablement, pour un texte qui aborde le sujet de la fin de vie, Samaritus Bonus « juge nécessaire de réaffirmer comme un enseignement définitif que l’euthanasie est un crime contre la vie humaine parce que, par un tel acte, l’homme choisit de causer directement la mort d’un autre être humain innocent. » Une conviction que l’Église a toujours défendue : déjà, en 1957, dans un discours prononcé devant des anesthésistes que le pape François a qualifié de « mémorable », le pape Pie XII avait défini cette ligne de crête de la position de l’Église, réaffirmant que l’euthanasie n’était pas licite, tout en définissant comme moralement acceptable de s’abstenir ou de suspendre l’utilisation de mesures thérapeutiques lorsque leur utilisation ne correspond pas au critère de « proportionnalité du traitement ». Il s’agit de la première allusion d’un pape à « l’acharnement thérapeutique ». 

 

 

 

« Choisis donc, la vie » du Deutéronome 30,19

 

Tout au long de son existence, l’être humain est appelé à effectuer des choix. Des choix plus ou moins importants, des choix qui auront ou non des répercussions, et qui vont ou non changer sa vie et celle de ses proches. 

Certains choix peuvent être rapidement posés : par exemple, celui d’accueillir ou non la vie ! 

Mais n’oublions jamais que toute vie est sacrée, depuis sa conception jusqu’au moment du grand passage qui nous conduit vers le Père. 

La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Elle peut parfois même ressembler à un combat, comme nous le rappelle sainte Mère Teresa de Calcutta, qui a humanisé la vie de bien des personnes en train de mourir sur le trottoir. 

Puissions-nous tout mettre en œuvre pour aider les personnes à vivre jusqu’au bout de leur existence, avec le moins de souffrances possible. 

« La vie est beauté, admire-la. La vie est félicité, profites-en. La vie est un rêve, réalise-le. La vie est un défi, relève-le. La vie est un devoir, fais-le. La vie est un jeu, joue-le. La vie est précieuse, soigne-la bien. La vie est richesse, conserve-la. La vie est amour, jouis-en. La vie est un mystère, pénètre-le. La vie est une promesse, tiens-la. La vie est tristesse, dépasse-la. La vie est un hymne, chante-le. La vie est un combat, accepte-le. La vie est une tragédie, lutte avec elle. La vie est une aventure, ose-la. La vie est bonheur, mérite-le. La vie est la vie, défends-la. » Mère Teresa (1910-1997).

 

Père Pierre Machenaud (conseiller ecclésiastique de la CNAFC). 

 

 

 

Zoom

 

Que dire aux enfants confrontés à la fin de vie d’un proche ?

 

Claire Fourcade : « Il n’y a pas de règle quant à leur présence ou pas auprès du malade : leur présence est toujours possible mais jamais obligatoire. Si c’est compliqué, ils peuvent écrire au malade, lui envoyer un message ou une chanson qu’ils aiment bien. Il y a de nombreuses manières de se rendre présent. » 

 

Thierry Sergent : « À Notre-Dame-du-Lac, les enfants sont tout à fait bienvenus. Nous avons mis en place un endroit où ils peuvent aller jouer quand ils viennent. Je ne compte plus le nombre de personnes en fin de vie qui m’ont confié leur bonheur d’avoir vu les jeunes enfants de leur entourage, alors que leur première réaction était de dire : “Je ne veux pas qu’il me voie dans cet état-là”. Quand on en parle, ils finissent par nous dire qu’ils en ont envie. Ça participe à la vie, et c’est un tel bonheur que nous facilitons leur accueil. » 

Soins palliatifs : une définition, plusieurs dispositifs

 

En France, un texte du 9 juin 1999 reconnaît à « toute personne malade dont l’état le requiert » « le droit d’accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement ». Il les définit comme « des soins actifs et continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage. » Pour la Société française de soins palliatifs (SFAP), ils ont pour objectif « de soulager les douleurs physiques et les autres symptômes, mais aussi de prendre en compte la souffrance psychique, sociale et spirituelle. » 

En France, il existe trois types de structures de soins palliatifs pour accueillir les patients en institution : 

  • Les Unités de soins palliatifs (USP), des structures d’hospitalisation accueillant pour une durée limitée les patients en soins palliatifs. Les USP sont totalement dédiées à la pratique des soins palliatifs et de l’accompagnement. 
  • Les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP), qui ont pour mission d’apporter une aide, un soutien, une écoute active et des conseils aux soignants qui prennent en charge des patients en fin de vie dans d’autres services. 
  • Les lits identifiés en soins palliatifs (officiellement appelés prise en charge identifiée de malades en soins palliatifs hors USP), situés au sein d’un service d’hospitalisation. Ils permettent une ouverture et un lien entre le domicile et les établissements, par exemple dans le cadre d’un réseau de santé (soins palliatifs, cancérologie). 

Il est aussi possible de bénéficier de soins palliatifs à domicile, via deux dispositifs : 

  • Les services d’hospitalisation à domicile, qui dépendent d’une structure hospitalière. Ils permettent, avec la participation des professionnels libéraux du patient, de maintenir à domicile ceux qui le désirent. 
  • Les réseaux de soins palliatifs : ils coordonnent l’ensemble des autres structures afin de maintenir le lien entre tous les professionnels qui ont pris en charge le patient. 

Source : SFAP 

 

Pourquoi les AFC s’opposent-elles à l’aide à mourir ?

Souffrances 

Aujourd’hui, les progrès de la médecine permettent de soulager les souffrances les plus réfractaires. Les soignants de soins palliatifs témoignent que lorsque les patients sont bien pris en charge, ils ne veulent pas ou plus être euthanasiés. L’euthanasie et le suicide assisté ne suppriment pas la souffrance mais le patient.

Liberté

Il est faux de dire que ce serait une liberté pour les uns qui ne change rien pour les autres. Nous devrons tous nous demander s’il n’est pas temps de partir plus vite pour ne pas peser sur notre famille, ne pas coûter trop cher à la sécurité sociale, ne pas être un poids pour les soignants. Les médecins feront-ils encore le maximum pour nous soigner ou nous sauver ? Laisserons-nous mourir les personnes qui tentent de se suicider au nom de la liberté ? Visiter, entourer, accompagner ses proches sans jamais les abandonner, c’est la base de la solidarité.

Progrès

L’interdit de tuer est le repère fondamental de notre société. C’est la marque des sociétés démocratiques modernes. C’est pour cela que la peine de mort a été abolie en 1981. L’euthanasie et le suicide assisté ne sont pas un progrès mais une régression sociale.

Business

Qui peut croire qu’on développera les soins palliatifs en même temps qu’on légalisera l’euthanasie et le suicide assisté ? Il sera moins cher d’injecter un produit pour supprimer le patient que de mobiliser toute une équipe pour prendre en charge ses besoins physiques, psychologiques, humains. Les mutuelles le savent, elles sont favorables à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté.

Dérives

Tous les pays qui ont ouvert l’euthanasie ou le suicide assisté sous conditions n’ont cessé de les élargir. En Belgique, en 20 ans, les euthanasies ont été multipliées par 10. Des mineurs, des personnes dépressives ou âgées, des détenus sont euthanasiés. Au Canada, ce sont aussi des personnes handicapées ou sans domicile fixe et aux Pays-Bas des personnes autistes. Le modèle de « fin de vie à la française » ne fera pas exception, les dérives sont inévitables dès que l’interdit de tuer est levé.

 

 

Ce que les AFC demandent

Chaque jour, 500 personnes meurent sans bénéficier des soins palliatifs. (A titre de comparaison, par année, 100 Français vont se faire euthanasier en Belgique et 50 vont se suicider en Suisse pour 631 000 décès annuels).

Nous demandons le développement des soins palliatifs à la hauteur des besoins réels avec la création d’un droit opposable à l’accès aux soins palliatifs. 1,1 milliards en plus sur 10 ans, c’est 1100 000€ par an, très en deçà de ce qui serait rapidement nécessaire pour ouvrir des services de soins palliatifs dans 20 départements supplémentaires et alors que la loi sur la fin de vie serait votée dès 2024.

Nous demandons aux députés de voter CONTRE ce projet de loi.

Contre l’euthanasie, les AFC agissent

  • Les souffrances cachées de l’euthanasie : un documentaire inédit a été tourné par les AFC auprès de personnels soignants en Belgique
  • Fin mars 2024, les AFC ont rencontré la sénatrice Christine Bonfanti-Dossat, afin de présenter le documentaire au Sénat
  • Ensemble pour la Vie : c’est le site lancé par les AFC qui permet d’écrire aux parlementaires sur le sujet de la fin de vie
  • En mai 2024, la mairie de Paris annule son affichage faisant la promotion de l’euthanasie suite au référé liberté initié par les AFC
  • Les AFC ont soutenu le tractage organisé par Faim2Vie, l’association des conventionnels opposés à toutes formes d’euthanasie
  • Début avril, la Confédération nationale a envoyé les livrets La fin de vie en question aux députés pour qu’ils se posent les bonnes questions au moment des débats dans l’hémicycle.
  • Une lettre signée par 44 médecins a été envoyée au Conseil national de l’Ordre des médecins, pour lui demander une position ferme sur l’aide à mourir.

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