De l’amour conjugal à la charité familiale
Œuvres de miséricorde en famille
La charité est une condition de la bonne santé familiale. Il s’agit dans un premier temps de mettre en application en famille ce que nous recommande la Somme théologique, dans laquelle saint Thomas d’Aquin nous enseigne qu’il existe quatorze œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle.
Les sept premières demandent de :
- donner à manger à ceux qui ont faim,
- donner à boire à ceux qui ont soif,
- vêtir les pauvres,
- donner un toit aux pauvres,
- visiter et soigner les malades,
- racheter les captifs,
- ensevelir les morts.
Les sept autres incitent à :
- prier pour les autres,
- enseigner,
- conseiller,
- consoler les affligés,
- corriger le prochain,
- pardonner les offenses,
- supporter les défauts.
Ressources d’Amoris Laetitia
Dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia, le pape François insiste sur le caractère indispensable de la charité en famille. La force de la famille « réside essentiellement dans sa capacité d’aimer et d’enseigner à aimer. Aussi blessée soit-elle, une famille pourra toujours grandir en s’appuyant sur l’amour » (§53). La Sainte Famille de Nazareth est prise comme exemple. Le Saint-Père reprend les propos de saint Paul VI (§66) : « Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social » (saint Paul VI, discours prononcé à Nazareth, 5 janvier 1964).
Dans de nombreux paragraphes, l’exhortation apostolique s’appuie sur l’hymne à la charité de saint Paul dans lequel nous trouvons les caractéristiques de l’amour véritable. La patience, le service, le sens de la justice, la joie dans la vérité, etc., « cela se vit et se cultive dans la vie que partagent tous les jours les époux, entre eux et avec leurs enfants » (§90).
L’amour conjugal
Cet hymne permet aussi d’évoquer l’amour conjugal qui est le cœur de la charité familiale. « C’est l’amour qui unit les époux, sanctifié, enrichi et éclairé par la grâce du sacrement de mariage. C’est une “union affective”, spirituelle et oblative, mais qui inclut la tendresse de l’amitié et la passion érotique, bien qu’elle soit capable de subsister même lorsque les sentiments et la passion s’affaiblissent ». Cet amour que l’Esprit Saint diffuse sur les époux reflète « l’Alliance inébranlable entre le Christ et l’humanité qui culmine dans le don total, sur la croix » (§120).
Billet spirituel
La charité au ras des pâquerettes
Michel Berger chantait en paraphrasant saint Paul : « Il n’y a vraiment que l’amour qui vaille la peine ! » nous en sommes persuadés. saint Paul poursuit en déroulant ce qu’est la charité en famille : « Femmes, écoutez ce que dit votre mari. Maris, aimez votre femme. Enfants, obéissez à vos parents ; et vous, parents, n’exaspérez pas vos enfants ! » (Ep 5, 25) C’est beau, mais concrètement, au quotidien, c’est difficile, c’est même parfois usant ! Eh oui ! La charité s’éprouve dans les petites choses, gestes, sourires, attentions, une parole espérée, une confiance prouvée… Les confinements et couvre-feux ont permis de métamorphoser la routine grâce à un projet commun : rêve de vacances originales, aménagement des combles de la maison, accueil d’un chien errant, apprentissage en commun de l’anglais, création d’une chorale familiale sur internet… Autant d’occasions pour ressouder la communion familiale, fruit de
la charité.
La charité, suprême vertu, rêve de sainteté partagée, révolution chrétienne, se vit donc au ras des pâquerettes. Dans la simplicité d’un effort, d’une générosité qui irradie, d’un câlin ou d’une tarte aux pommes. quand notre cœur est brûlant, quand nous avons envie de rendre grâce pour tant de merveilles si simples, autant de trésors domestiques, Jésus est au milieu de nous et partage avec nous la tarte aux pommes !
P. Philippe Verdin,
Conseiller ecclésiastique de la CNAFC