06/10/2025

La fratrie, un modèle d’inclusion

En côtoyant la différence dès leur plus jeune âge, et avec beaucoup de naturel, les frères et sœurs d’enfants porteurs de handicaps ont beaucoup à apprendre à notre société en matière d’inclusion.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de l’inclusion des personnes porteuses de handicaps, cela est positif. Parfois pourtant, cette inclusion semble contenir implicitement l’injonction à être « comme les autres ». Alors, penchons-nous sur cette « inclusion naturelle » pratiquée dans les fratries, pour voir comment elle s’y vit.

Tant que les enfants sont assez jeunes, tout se fait de manière très naturelle. Parler de handicap est incongru. Avec l’âge et les regards extérieurs, la prise de conscience vient peu à peu. Les écarts se creusent quand le plus petit « passe devant », et acquiert des compétences que n’a pas son aîné. Ce sont des moments qui paraissent douloureux, mais qui permettent à chacun d’avancer dans l’acceptation du handicap, de grandir. Cela requiert d’en parler librement et aussi souvent que possible.

La famille est une bonne école pour apprendre à vivre ensemble et à prendre soin les uns des autres. Le handicap agit comme booster. Il crée une solidarité particulière au sein de la fratrie et dans la relation avec les parents. Les enfants voient leurs parents souffrir et se réjouir, ils les voient démunis, ils les voient se battre pour relever ce défi éducatif particulier et constatent qu’ils ne savent pas toujours s’ils font les bons choix. Par la vie avec le handicap, accepter, aimer l’autre dans sa différence leur est bien souvent plus naturel.

Pour autant, ils souffrent par moment de la différence de traitement qui peut être perçue comme une injustice ou une inégalité. Car le handicap prend parfois beaucoup de place et de l’attention des parents.

À l’extérieur, par contre, les enfants qui vivent avec un frère ou une sœur différents sont les premiers à s’indigner du moindre regard ou de la moindre parole d’exclusion ou de jugement sur le handicap.

En somme, l’inclusion d’un enfant porteur de handicaps dans une fratrie ne se décrète pas : elle se vit, au jour le jour, dans la richesse des liens, les ajustements constants et les émotions partagées. Elle n’est ni parfaite ni facile, mais elle simplement humaine. Elle façonne les frères et sœurs, les rend souvent plus attentifs à l’autre, plus tolérants, plus conscients des fragilités de chacun. À condition de leur offrir un espace pour s’exprimer, de reconnaître leurs besoins spécifiques, et de leur dire qu’ils comptent tout autant, cette expérience peut être fondatrice. Car vivre avec la différence au cœur même de sa famille, c’est peut-être apprendre très tôt à aimer sans condition et en inclusion.

 

Claire Gilles

 

Les « Chantiers atypiques »

Anciennement appelés « Chantiers zèbres », il en en existe dans de nombreuses régions. Les Chantiers atypiques accueillent des parents dont les enfants sont HPI ou TDAH principalement. Ces parents éprouvent le besoin de se retrouver pour échanger sur leurs enfants qui ont un fonctionnement atypique.

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