02/10/2022

Un bien-être ordonné à la foi

Qu’est-ce que le “bien-être” pour l’Église ?

Ce qu’en dit la Doctrine sociale de l’Église

Pour un bien-être ordonné à la foi dans le Christ

Il faut bien reconnaître qu’il est rarement question de « bien-être » dans la Doctrine sociale de l’Église. Quand c’est le cas, le Magistère s’emploie souvent à resituer ce concept dans une perspective chrétienne. Dans Laudato Si, la notion de bien-être se rapporte à celle du bien commun, dans la mesure où celui-ci « présuppose le respect de la personne humaine comme telle, avec des droits fondamentaux et inaliénables ordonnés à son développement intégral. » (§157). Dès lors, « Le bien commun exige aussi le bien-être social et le développement des divers groupes intermédiaires, selon le principe de subsidiarité. » Mais la recherche du bien-être est dévoyée si elle n’est pas ordonnée à « la foi dans la Pâque de Jésus, qui éclaire pleinement la réalisation du vrai bien commun de l’humanité », avertit le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église catholique (§171) : « une vision purement historique et matérialiste finirait par transformer le bien commun en simple bien-être socio-économique, privé de toute finalisation transcendante, c’est-à-dire de sa raison d’être la plus profonde. »

La Doctrine sociale de l’Église fustige à plusieurs reprises l’absolutisation du bien-être dans notre société occidentale : « Dans les pays plus riches, le bien-être excessif et l’esprit de consommation, celui-ci étant paradoxalement uni à une certaine angoisse et à quelque incertitude quant à l’avenir, enlèvent aux époux la générosité et le courage de susciter de nouvelles vies humaines : souvent la vie n’est plus alors perçue comme une bénédiction, mais comme un péril dont il faut se défendre. » (Familiaris Consortio § 6) Aux yeux du pape François, la culture occidentale entrave la bonne volonté des jeunes générations désireuses de changer leurs comportements dans un monde qui en a besoin : « Les jeunes ont une nouvelle sensibilité écologique et un esprit généreux, et certains d’entre eux luttent admirablement pour la défense de l’environnement ; mais ils ont grandi dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d’autres habitudes. C’est pourquoi nous sommes devant un défi éducatif. »

Et si le bien-être était aussi spirituel ? C’est en tout cas ainsi que le formule Benoît XVI, qui appelle dans Caritas in Veritate à « un plus grand bien-être socio-économique et spirituel » et dénonce « l’esprit techniciste moderne [qui] se vérifie dans la tendance à ne considérer les problèmes et les mouvements liés à la vie intérieure que d’un point de vue psychologique, et cela jusqu’au réductionnisme neurologique » : « Le problème du développement est strictement lié aussi à notre conception de l’âme humaine, dès lors que notre moi est souvent réduit à la psyché et que la santé de l’âme se confond avec le bien-être émotionnel. Ces réductions se fondent sur une profonde incompréhension de la vie spirituelle et elles conduisent à méconnaître que le développement de l’homme et des peuples dépend en fait aussi de la résolution de problèmes de nature spirituelle. » (§76)

Billet spirituel

Bien-être ou béatitude ?

Jésus n’aime pas quand les corps souffrent : sur les routes de Galilée, il passe son temps à guérir les malades. Mais pour que l’homme soit heureux, il faut que le corps soit soulagé et que l’âme soit paisible. « Retrouve le repos mon âme, car le Seigneur t’a fait du bien ! » (Psaume 116)

Le corps et l’âme sont intimement liés. Si le corps va mal, l’âme est tourmentée. Si l’angoisse, la peur et les soucis obsèdent notre cœur, la peau s’irrite, la fatigue gagne, le corps réagit, il est contrarié et contraint.

Le bien-être nous semble l’objectif, le rêve. Cette sensation plaisante et détendue du corps apaise le cœur et l’âme. Quel soulagement! Mais est-ce le bonheur ? La félicité du travailleur qui s’enfonce dans un bain chaud et parfumé sur fond de musique douce au retour du travail n’est que passagère. Le christianisme propose mieux, en plus durable et plus intense. Face au bien-être un peu égoïste et provisoire, Dieu propose la panacée : la béatitude, cette joie et plénitude offerte à l’homme comblé par Dieu. « Tu nous as fait pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ! » soupire saint Augustin. Dieu seul, mieux qu’un bon fauteuil, peut nous combler.

 

P. Philippe Verdin, conseiller ecclésiastique de la CNAFC

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