Congé paternité : vers une meilleure conciliation vie familiale / professionnelle
Un bien pour les familles…
Les AFC saluent l’allongement du congé paternité pour les pères. Il apporte un soutien à la mère en allégeant entre eux deux l’accompagnement des premiers jours de leur enfant en même temps qu’il solidifie les liens familiaux. Les pères bénéficient maintenant d’un congé de paternité allongé mais qui, bien que mieux rémunéré, reste court (25 jours contre 11 auparavant).
… malgré quelques zones d’ombre…
Mais si l’implication du père dans l’accompagnement des premiers jours de l’enfant est une bonne chose, l’attribution d’un congé à celui qui vit avec la femme qui accouche pose question s’il n’est pas le père biologique. Deux « pères », celui qui vit avec la mère et le père biologique, peuvent-ils se retrouver en congé paternité simultanément ? Quels sont les droits et devoirs du père qui ne vit pas dans le foyer ? Quel est le lien qu’on cherche à créer entre un « père » et son enfant ?
La cohérence voudrait que la reconnaissance de l’importance du père par l’allongement du congé paternité transparaisse aussi dans les réformes sociétales majeures telle que la dernière loi de bioéthique.
On peut également s’interroger sur la motivation du Président de la République (pour qui c’est « avant tout une mesure favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes »). Or Il semble contreproductif de mélanger les domaines, de vouloir faire du social avec la politique familiale, comme de vouloir faire de l’égalité homme femme en manipulant la politique familiale.
À première vue, accorder plus de congés aux hommes semble indiquer qu’ils étaient défavorisés. Or, il semble bien que ce soit la condition des femmes qu’il s’agit d’améliorer dans l’esprit du Président. Dans cette optique, allonger le congé paternité reviendrait à considérer que les charges familiales sont une corvée qui doit être mieux répartie. Le risque de cette approche est de considérer que les activités non rémunérées : parent au foyer, vie associative, bénévolat caritatif,… ne permettraient pas de trouver le même épanouissement que celui que l’on peut trouver au travail.
… qui appellent à prolonger l’effort.
Pour apporter une vraie aide efficace aux mères, il est bon que les pères puissent donner du temps à leur famille, à la naissance, mais aussi pendant toute l’éducation des enfants. C’est tout l’enjeu de l’harmonisation de la vie familiale et de la vie professionnelle. Les AFC saluent à ce propos l’initiative du gouvernement qui a mis en place une « Mission pour la conciliation vie familiale et vie professionnelle », dont les conclusions devraient être rendues publiques au mois de septembre.
Le congé de paternité français est un des plus longs de l’Union Européenne. Cependant, pour les AFC il est nécessaire de chercher à améliorer l’harmonisation entre vie familiale et vie professionnelle, en complétant ce congé d’accompagnement de la naissance par un congé parental d’éducation réformé (on peut le prendre aujourd’hui jusqu’aux 3 ans de l’enfant). Aujourd’hui, celui-ci fonctionne mal, il serait souhaitable d’offrir aux parents un vrai choix entre :
- Un congé parental court et bien rémunéré: la proposition qui nous semble la plus convenable est de 6 mois, rémunérés aux 2/3 du salaire journalier de base (à prendre indifféremment par l’un ou l’autre conjoint et qui pourraient aussi se le partager)
- Un congé parental long et plus faiblement rémunéré: il est raisonnable de proposer 3 ans, rémunérés 600€/mois (à taux plein non majoré et sans condition d’activité professionnelle préalable)
- Un accueil en crèches ou une garde par les assistantes maternelles (très économique pour les finances publiques),
- Une garde à domicile qui même si elle ne concerne que peu de foyers, permet à la France d’avoir l’un des taux de femmes cadres supérieures et dirigeantes le plus élevé d’Europe
Le niveau des aides publiques directes ou indirectes devrait être égal quel que soit le choix des parents.
Aux AFC, nous proposons que les parents aient la possibilité de prendre un congé parental à n’importe quel moment de la minorité de l’enfant en choisissant que ce soit le père ou la mère qui en bénéficie. Le congé parental pourrait être utilisé au-delà de la toute petite enfance si l’enfant tombe malade, ou pendant sa l’adolescence, par exemple. La naissance de l’enfant ouvrirait ainsi un « crédit de congés », à répartir comme les familles le souhaitent entre le père et la mère. Plus on laisse de liberté aux familles de s’organiser selon leurs besoins, mieux c’est.
Il faudrait donner aux entreprises les moyens de s’adapter afin que la maternité et l’éducation soient reconnues comme une expérience valorisante dans une carrière de femme. Le bien-être des collaborateurs, et donc l’harmonisation entre vie familiale et vie professionnelle doit devenir, au même titre que l’écologie et l’éthique, un critère de performance des entreprises. Ces critères sont détaillés dans le rapport annuel de la RSE (responsabilité sociale des entreprises), rapport de plus en plus pris en sérieux pour son impact important sur les investisseurs.