01/08/2025

Et si on laissait enfin les enfants dormir ?

Le sommeil des enfants, souvent relégué au second plan derrière les devoirs, les écrans ou les activités, est en réalité l’un des piliers de leur santé. Quelques conseils pour l’été.

Nuit après nuit, c’est tout le corps des enfants — et surtout leur cerveau — qui se construit, se répare, se renforce. De nouvelles études, fascinantes et parfois alarmantes, montrent à quel point chaque minute de sommeil compte. Et que le manque de sommeil, même léger, peut peser lourd.

 

Un cerveau qui se façonne la nuit

Durant l’adolescence, le cerveau continue de se structurer à grande vitesse, notamment dans les zones qui gèrent la prise de décision ou la gestion des émotions. Une étude récente de l’Université de Géorgie, publiée en juin 2025, révèle qu’un simple manque de sommeil perturbe les connexions entre ces régions, rendant les adolescents plus impulsifs, voire agressifs. Or, la plupart dorment moins que les 8 à 10 heures recommandées.

Et ce n’est pas tout : selon une enquête parue dans Cell Reports (avril 2025) sur plus de 3 000 ados, dormir seulement 15 minutes de plus par nuit améliore la mémoire, augmente le volume du cerveau et fait même baisser le rythme cardiaque au repos. Une démonstration claire que le sommeil agit comme une séance de maintenance ultra-précise pour l’esprit.

 

Tout commence dès les premières années

Entre 3 et 5 ans, ce n’est plus seulement la quantité de sommeil qui compte, mais sa qualité. Une méta-analyse parue en 2024 montre qu’un mauvais sommeil altère directement la capacité des jeunes enfants à gérer leurs émotions. Et ce lien n’est pas juste une coïncidence : il serait causal.

Autre signal d’alerte : la cohorte française EDEN, qui suit 687 enfants de 2 à 5 ans, a mis en évidence que ceux dormant de manière irrégulière avaient, à 5 ans, des marqueurs d’inflammation élevés, signe d’un système immunitaire fragilisé dès le plus jeune âge.

 

Écrans, rythme scolaire… et rythme biologique déréglé

On le sait désormais : les écrans grignotent le sommeil. Entre retards d’endormissement et nuits entrecoupées, leur usage excessif nuit gravement à la qualité du repos. Et le réveil trop tôt n’arrange rien. Une expérimentation menée en Île-de-France, où les cours commencent à 9 heures, a permis aux ados de mieux dormir et d’être plus concentrés. Ce petit décalage respecte davantage leur horloge biologique naturelle, souvent en décalage avec les horaires imposés.

 

Un sommeil qui soigne tout le corps

Ce que nous révèlent les recherches les plus récentes, c’est que le sommeil ne se contente pas de « reposer » : il soigne, il bâtit, il régule.

  • Il stimule la croissance en favorisant la sécrétion de l’hormone de croissance.
  • Il renforce le système immunitaire en régulant les cytokines (messagers de l’inflammation).
  • Il régule l’appétit, en équilibrant deux hormones clés : la leptine et la ghréline.
  • Il protège la santé mentale, en réduisant les risques d’anxiété ou de dépression.

En clair : mal dormir, c’est affaiblir tous les systèmes essentiels à long terme.

 

Et si on éduquait… au sommeil ?

Certaines pistes émergent. Instaurer de véritables rituels du soir (repas calmes, lecture, coucher à heure fixe) améliore non seulement la durée du sommeil, mais aussi le développement de certaines zones cérébrales liées à l’émotion et au langage, comme l’ont montré des chercheurs du Colorado.

En France, une convention citoyenne, tenue en juin 2025, a proposé d’introduire une éducation au sommeil à l’école, en lien avec des professionnels de santé. Car dormir, cela s’apprend. Et cela s’encourage.

 

Dormir, pour grandir. Dormir, pour durer.

Le sommeil n’est plus un simple « temps mort ». C’est une brique essentielle de la santé, au même titre que manger équilibré ou faire du sport. Pourtant, nos rythmes de vie, nos écrans et notre organisation scolaire le malmènent.

Pour préserver le potentiel des enfants, il est temps de repenser nos journées, de respecter leurs besoins biologiques, et surtout, de valoriser le sommeil comme un vrai levier de santé publique.

 

Vacances d’été : un souffle de liberté, sans négliger le sommeil

Avec les vacances scolaires, les enfants retrouvent un rythme plus souple : couchers tardifs, grasses matinées, journées sans horaires fixes. Ce relâchement est bien naturel — et même bénéfique pour relâcher la pression. Mais attention aux rythmes complètement décalés, surtout à l’adolescence.

Les spécialistes du sommeil recommandent de garder une certaine régularité : un coucher pas trop éloigné de l’horaire habituel, une exposition à la lumière naturelle le matin (pour recaler l’horloge biologique) et des écrans évités avant le coucher. Car un décalage trop important pendant l’été peut rendre la rentrée plus difficile, tant sur le plan du sommeil que de la concentration ou de l’humeur.

Les vacances peuvent aussi être l’occasion de reconstruire de bons rituels : lecture le soir, temps calme en famille, rythme naturel sans réveil forcé. Autant d’habitudes simples qui permettent aux enfants de recharger pleinement leurs batteries, physiquement et mentalement.

 

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