Le scandale de la pédocriminalité dans l’Église
Les évêques à l’écoute
Les 5 et 6 novembre derniers, nous, Paul de Guigné, représentant AFC à Promesses d’Église* et Pascale Morinière, présidente nationale, avons participé, à Lourdes, à l’Assemblée plénière des évêques de France.
Nous y étions, à l’invitation de la Conférence des évêques, pour dire comment, en tant que laïcs, nous recevions le rapport Sauvé sur le scandale de la pédocriminalité dans l’Église et pour apporter notre contribution au travail de l’Assemblée.
Avec les 120 invités, victimes, responsables de mouvements, membres du Comité de pilotage de Promesses d’Église et jeunes adultes, nous avons pu échanger en petits groupes avec de nombreux évêques. Nous avons rencontré des évêques effondrés par ce scandale et par l’ampleur des abus révélés par le rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église), des évêques ayant une vive conscience des souffrances durables et profondes infligées à des enfants par des hommes d’Église et des laïcs au sein de l’Église. Ils mesuraient que, bien qu’ayant commencé à prendre en compte ce sujet depuis le début des années 2000 et qu’ayant aussi pris des décisions lors de leur Assemblée plénière de mars 2021, cela ne suffisait pas. Nous avons eu à nous prononcer sur les priorités à établir dans le traitement des recommandations du rapport Sauvé et sur les méthodes et les échéances envisagées. Un climat d’écoute, d’échange et de collaboration exigeante s’est instauré dans les débats. Les évêques ont pris conscience qu’autorité ecclésiastique ultime de leur diocèse, portant presque seuls la responsabilité, ils se trouvaient démunis et écrasés par un tel drame et avaient besoin des laïcs pour faire face et l’éradiquer.
Faire la lumière
Depuis 1950, de nombreuses générations d’évêques se sont succédées à la tête des diocèses. Les évêques actuels sont ceux qui ont eu le courage de faire la lumière pleine et entière, sans concession. Il faut reconnaitre que si la pédocriminalité revêt un caractère encore plus scandaleux lorsqu’elle est perpétrée dans l’Église, ce sont néanmoins les évêques d’aujourd’hui qui, les premiers dans la société, ont pris l’initiative de commander un rapport indépendant. Le secrétaire d’État à l’enfance et aux familles a, à son tour, mis en place, il y a un an, une commission sur le modèle de la CIASE, la CIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), pour faire le même état des lieux dans la société.
Nous pourrions discuter de l’exactitude des chiffres avancés. Ceux-ci sont présentés par le rapport Sauvé comme des « estimations » et nous les recevons comme tels. Quoi qu’il en soit, une seule victime abusée dans l’Église est une victime de trop.
Les AFC engagées
Mouvement familial catholique, nous nous sommes engagés pour travailler aux côtés des évêques.
En effet, nous sommes concernés à deux titres. D’abord parce que ce sont dans des familles, et le plus souvent dans des familles catholiques que les abuseurs ont trouvé leurs victimes. Ensuite, parce que nous sommes attentifs à la bientraitance de tout enfant, quel que soit le milieu dans lequel il évolue, qu’il s’agisse de la famille, des lieux d’Église, de l’école, du club sportif, du centre de vacances…
Nous suivrons les travaux de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIRR), ceux des groupes de travail mis en place par les évêques et ceux des visiteurs apostoliques demandés au pape par les évêques de France. Nous regarderons avec attention les mesures qui seront prises et nous serons présents à l’Assemblée plénière du printemps 2023 pour l’évènement synodal qui permettra d’évaluer les travaux entrepris et de poser des décisions.
Protéger et agir
Aujourd’hui, que peuvent faire les familles ?
Nous le disons souvent, les premiers et principaux éducateurs, même s’ils ne sont pas les seuls, sont les parents. A nous, parents, d’éduquer, de veiller et de protéger nos enfants, quels que soient ceux qui pourraient leur porter atteinte. Nous avons publié 5 fiches dans ce but « Protéger mon enfant ». Elles s’intitulent : « Éduquer à la pudeur », « Que dire à son enfant », « Les signes qui peuvent alerter », « Que faire en cas d’abus » et « Traitement pénal des crimes et délits sexuels sur mineurs ». Nous vous invitons à en prendre connaissance.
Par ailleurs, à l’occasion de la première phase du synode sur la synodalité, nous encourageons les AFC, non seulement à participer, mais à exprimer auprès de nos évêques notre disponibilité pour participer aux réflexions qui auront lieu au sein des diocèses, tout en leur apportant notre soutien et nos encouragements.
*Promesses d’Église est un collectif d’organisations catholiques qui ont souhaité se réunir en réponse à la Lettre du Pape au Peuple de Dieu sur les abus d’août 2018.
La quarantaine de membres de Promesses d’Église, de missions et de sensibilités différentes, souhaitent « partager leurs pratiques, en s’inspirant mutuellement », et « témoigner que le pluralisme dans l’Église est une richesse ». Promesses d’Église, en lien avec les évêques, souhaite « expérimenter de nouvelles manières de dialoguer et de vivre en Église » pour qu’elle devienne « tout entière synodale » (Pape François) et plus missionnaire. D’après la Charte de Promesses d’Eglise