Au secours, mon fils veut être maroquinier !
Le constat est sans appel : le travail artisanal a disparu du champ de l’éducation. Une majorité de parents souhaite que leur enfant fasse de « bonnes études ».
Plusieurs arguments sont évoqués. Faire des études longues et classiques offre davantage de possibilité de choix de carrière, la culture et le travail intellectuel favorisent l’épanouissement et les relations. L’artisanat est rarement envisagé pour les étudiants. Au mieux, il est accepté dans le cadre d’une reconversion après de « hautes études ».
Ces idées sont-elles fondées ?
Est-on certain que les études classiques garantissent à nos enfants de trouver leur juste place dans la société ? En France, l’idée la plus répandue est que la réussite dépend de l’obtention de diplômes élevés. Elle s’est souvent appuyée sur le mépris des professions dites manuelles. Les formations débouchant sur les emplois d’ouvriers qualifiés sont plutôt réservées aux élèves en difficulté scolaire.
Pourtant, en 2010 déjà, l’américain Matthew B. Crawford avait publié un article sur les « bullshit jobs ». Il y dénonçait l’arnaque que représentent un grand nombre d’emplois dits intellectuels dans lesquels ni l’employeur ni l’employé ne connaissent réellement l’utilité et les résultats objectifs de leur travail. Combien de personnes s’enlisent dans des métiers qui n’ont pas de sens ?
Aux métiers artisanaux s’attache une intelligence spécifique rare et une dignité sociale en rapport avec leur absolue nécessité. Ils sont répartis en 4 grandes familles : le bâtiment (40 % des emplois), les services (32 %), la fabrication (17 %) et l’alimentation (11 %). Ils génèrent une très forte employabilité.
Comment éveiller les enfants à ces métiers ?
Depuis plus de trente ans, l’association L’outil en main propose un remède à ce grand oubli. Des artisans retraités transmettent aux plus jeunes, dès 9 ans, les gestes de plus de cent métiers. Tout est fondé sur l’échange et la transmission intergénérationnelle et tient en un slogan : de vraies gens du métier, de vrais outils, dans de vrais ateliers.
L’association De l’or entre les mains promeut l’intelligence de la main avec pour mission de sensibiliser les jeunes aux métiers manuels en faisant entrer la pratique artisanale dans les collèges. En famille, il y a urgence à transmettre les savoirs pratiques : couture, cuisine, bricolage, réparation de vélos.
Le Pass culture permet aux collégiens et lycéens d’accéder à des ateliers comme Wecandoo. Les vacances sont propices à découvrir les métiers de la main.
Les artisans qui ouvrent leur atelier sont nombreux. Les journées européennes des métiers d’art sont aussi favorables à ces rencontres.
Le travail de la matière et de la main ancre dans le réel (de la conception à la réalisation). C’est un vecteur de joie (du travail accompli) et cela fortifie la vertu de persévérance. Cela favorise la confiance en soi, la contemplation du Créateur et l’humilité joyeuse.
Ne craignons pas d’ouvrir cette opportunité à nos enfants.