07/09/2020

Eduquer à l’information : réflexion spi

Ce que disent les textes de l’Église et une méditation.

Ce qu’en dit la doctrine sociale de l’Église

L’enfant a soif de bons, beaux et vrais récits

« Il n’est plus d’information ou de question, peut-on dire, qui, par l’imprimé, par le son ou l’image, ne soit portée au cœur de la vie familiale, n’y influe sur le comportement de chacun et ne suscite les réactions les plus diverses » (Paul VI, 3e Journée mondiale des communications sociales, 1969).

Aujourd’hui, les jeunes, enfants et adolescents, par l’usage qu’ils ont des outils digitaux, ont un accès permanent à l’information. Cet usage impose une éducation dont le rôle est attribué aux parents.

Selon Benoît XVI, cette éducation doit être « positive » : « Des enfants exposés à ce qui est excellent sur le plan esthétique et moral reçoivent une aide pour développer leur jugement, leur prudence et leur sens du discernement. La beauté, telle un miroir du divin, inspire et vivifie les cœurs et les esprits des jeunes, alors que la laideur et l’indécence ont un impact avilissant sur les attitudes et les comportements » (Benoît XVI, 41e Journée mondiale des communications sociales, 2007).

Il ne faut pas leur empêcher l’accès aux médias digitaux, même si ces derniers comportent des risques. « Ce désir de communication et d’amitié est enraciné dans notre nature même d’êtres humains et ne peut être légitimement compris seulement comme réponse aux innovations technologiques », qui sont des « manifestations modernes de la fondamentale et constante propension des êtres humains à aller au-delà d’eux-mêmes pour entrer en rapport avec les autres » (Benoît XVI, 43e Journée mondiale des communications sociales, 2009).

Le pape François insiste sur la narration propre à la trame journalistique : « L’homme est un être narrateur. Dès notre plus jeune âge, nous avons faim de récits comme nous avons faim de nourriture […] Tandis que les récits instrumentalisés et utilisés à des fi ns de domination ont la vie courte, un bon récit est capable de transcender les frontières de l’espace et du temps » (54e Journée mondiale des communications sociales, 2020).

La faiblesse actuelle des médias réside dans l’indistinction du vrai et du bien. Les professionnels des médias doivent ainsi défendre la vérité (41e Journée mondiale des communications sociales) : « À une époque où la falsification devient de plus en plus sophistiquée, atteignant des niveaux exponentiels (le deepfake), nous avons besoin de sagesse pour accueillir et créer de beaux, de vrais et de bons récits » (54e Journée mondiale des communications sociales, 2020).

La famille doit rester le lieu où non seulement nous apprenons à recevoir l’information, mais aussi à communiquer : « Les médias ont tendance à présenter parfois la famille comme s’il s’agissait d’un modèle abstrait à accepter ou à rejeter, à défendre ou à attaquer, et non une réalité concrète à vivre ; ou comme s’il s’agissait d’une idéologie de l’un contre l’autre, plutôt que le lieu où tous nous apprenons ce que signifie communiquer dans l’amour reçu et donné. Dire signifie bien comprendre que nos vies sont tissées dans une seule trame unitaire, que les voix sont multiples et que chacune est irremplaçable » (Pape François, 49e Journée mondiale des communications sociales, 2015).

Le billet spirituel

A l’image de la Vierge Marie

Il faut se faire une raison : en ce domaine comme dans bien d’autres, nos jeunes n’ont pas toujours les mêmes intérêts que nous ! Le benjamin se passionne pour les dinosaures, il découpe dans les magazines tout ce qui concerne les t-rex. La préadolescente passe ses journées sur TikTok à regarder des vidéos coréennes d’Ulzzang. L’ado télécharge des tutos pour améliorer sa technique de skateboarder. La conscience politique de notre étudiante en classe prépa semble se limiter aux pétitions en ligne contre l’élevage intensif des visons en Hongrie… Les enquêtes qui nous angoissent ou nous passionnent n’intéressent pas nos cadets. On fait des efforts pour comprendre où ils pêchent des informations improbables, on essaie de leur inculquer les bases d’une analyse critique face au déversement incessant des scoops et des nouvelles. Nos efforts recueillent des haussements d’épaules et des soupirs…

Il y a cependant un domaine où nous ne devons pas nous lasser d’informer : celui de la vie éternelle, celui du don de dieu, celui de l’amour du Christ pour chacun, celui de l’action secrète de l’esprit-saint dans les cœurs. Si nous ne sommes plus le principal canal d’information sur le trésor qu’est la foi, la petite flamme divine qui brille ans les yeux de nos jeunes risque de s’éteindre. Il ne restera que la lumière pâle, froide et bleutée des écrans. La Bonne nouvelle est plus que jamais d’actualité !

Par Frère Philippe Verdin, op, conseiller ecclésiastique de la CNAFC

Crédit image : wirestock – fr.freepik.com

Partager cet article
Actualité

Ces articles peuvent vous intéresser

Un meilleur usage de l’information
Abonner son enfant à un magazine
Informations : des outils pratiques pour aider les parents