Les Chantiers-Atypiques
Naissance des Chantiers-Atypiques
Le premier Chantier-Éducation-atypique est né à Rennes après que la responsable d’un Chantier-Éducation a reçu deux mamans d’enfants neuro-atypiques, en pleurs, car elles n’avaient pas d’endroit où parler dans la confiance, sans être jugées, de ce qu’elles vivaient.
Il existe maintenant une vingtaine de Chantiers-Éducation-atypique : à Lyon, Chartres, Paris, Asnières, Courbevoie, Nantes, Orléans, Arthez-de-Béarn, Rennes, Versailles, St-Germain-en-Laye et d’autres sont en cours d’ouverture.
Qui sont les parents qui participent à un Chantier-Atypique ?
Ils s’adressent à des parents d’enfants détectés à haut potentiel, mais aussi à des parents de DYS (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dysphasie, dyscalculie) ou TDAH (Trouble Déficit de l’Attention / Hyperactivité) ou encore TSA (troubles du spectre autistique) sans déficience intellectuelle.
Pour les parents, éduquer un enfant atypique, c’est un défi quotidien qui demande une bonne dose d’énergie et de disponibilité ! Il y a beaucoup d’émotions à gérer, beaucoup de questions auxquelles répondre. C’est devoir rapidement faire un réel travail sur soi, connaître ses limites, connaître ce à quoi on tient et ce sur quoi on peut lâcher du lest. C’est mettre en place dès que possible une éducation bienveillante et ferme à la fois. Et puis, c’est faire face au regard des autres et aux idées préconçues, souvent bien loin de la réalité. C’est souvent, se sentir seul et démuni.
Dans un Chantier-Éducation-atypique, les masques tombent très vite. Les parents, parfois pour la première fois de leur vie, se sentent compris, peuvent véritablement partager leurs expériences, sans crainte d’être jugés ou incompris. Ils peuvent évoquer leurs difficultés et leurs joies, librement, sans blesser. Participer à un Chantier-Education-atypique, c’est aussi rompre l’isolement, se sentir moins seul et moins démuni.
Comment fonctionne un Chantier-Atypique ?
Les Chantiers-atypiques sont bâtis sur la pédagogie des Chantiers-Education. Elle propose un cadre très sécurisant et très utile pour pouvoir prendre du recul, synthétiser sa pensée et élaborer les solutions pertinentes pour sa famille. Sans elle, les échanges porteraient beaucoup moins de fruits. C’est la pédagogie qui permet d’échanger en profondeur, dans la confiance et autorise ainsi les prises de conscience et les changements futurs.
Les rencontres de deux heures ont lieu une fois par mois, en général. Un questionnaire, auquel chacun a réfléchi en amont, sert de base aux échanges. Chacun repart avec des repères ou des points d’appui identifiés ensemble qui permettent de créer sa propre solution. Comme ce sont des enfants qui ont besoin de sur-mesure, il ne peut y avoir de solutions toutes faites. Les parents qui ont suivi un Chantier-Education atypique ont vraiment repris confiance en eux. Ils se trouvent beaucoup moins démunis par la suite.
Exemples de thèmes abordés : accueil des émotions, les relations avec l’école, comment aider mon enfant à apprendre, les relations dans la fratrie, la peur de l’échec, le sens de l’effort, l’intégration dans la vie familiale, l’épuisement parental, les questions spirituelles car ces enfants sont pour certains assez mystiques et bien d’autres encore.
Quelle est la spécificité des Chantiers-Atypiques ?
La particularité des Chantiers-atypiques, c’est leur vision inclusive. Ces enfants font partie d’un tout. L’enfant n’est pas toujours au centre. C’est une vraie différence par rapport à d’autres propositions faites par des associations de parents d’enfants neuro-atypiques qui parlent souvent de l’enfant seulement au travers de sa particularité.
Cette vision, issue de l’anthropologie chrétienne, offre cette chance d’ouvrir des perspectives bien plus larges qui considèrent l’enfant au-delà de cette particularité qui peut être assez réductrice. On le considère comme faisant partie d’un tout : sa fratrie, sa famille, son école, la société. L’objectif est d’aider les parents à faire en sorte que leur enfant puisse trouver sa place dans le monde, vivre en bonne intelligence avec les autres dans le respect de son unicité.
Comment créer un Chantier-Atypique dans sa ville ou son quartier ?
Il suffit de regrouper quelques parents par le bouche-à-oreille ou grâce à une communication sur un réseau de mamans, comme les groupes Facebook par ville ou quartier. La responsable et les animatrices bénéficieront d’une formation prise en charge par les AFC.
Pour trouver un Chantiers-Education-atypique près de chez vous ou obtenir des renseignements : chantierzebre@gmail.com
Témoignages
Témoignage 1
Le chantier-zèbre, c’est ma façon à moi de prendre soin de moi. Il y en a qui vont chez l’esthéticienne ou le coiffeur, d’autres qui prennent des cafés entre copines… Même si j’aime beaucoup les cafés entre amies, je me suis vite rendue compte des limites de cet exercice, lorsque viennent les discussions à propos des enfants : elles ne comprenaient pas ce que je vivais, donc j’ai assez vite arrêté de le partager… c’était dur de se sentir jugée.
Dans mon chantier j’ai pu aborder ce sujet en me sentant en sécurité, grâce à l’écoute et à la confidentialité.
En préparation des réunions de Chantier, nous avons abordé en famille, en couple et avec les enfants, de nombreux sujets sensibles pour nous. Cela nous a permis de renouer le dialogue et d’envisager des solutions. Cela resserre nos liens, et nous rappelle que c’est à nous de construire ensemble notre vie de famille.
Grâce aux Chantiers, j’ai appris à me faire confiance pour construire notre propre histoire familiale, forcément différente de la génération d’avant.
Maintenant je me sens plus forte quand je vois mes amies, j’ai dépassé cette quête d’être la maman parfaite, dans laquelle elles sont encore… et je ne les juge pas. Si ça leur convient! Et d’ailleurs, maintenant certaines se tournent vers moi pour me demander conseil…. Conseil que je me garde bien de leur donner ! Je privilégie plutôt le partage d’expérience : “je connais une maman qui fait comme cela…” A la manière des réflexions menées dans les Chantiers : souvent un silence s’en suit, où je vois qu’elle mène la même réflexion que moi pendant un Chantier : “avec cela, comment puis-je construire la propre solution?”
C’est ça la force des Chantiers : nous inviter à adapter nos réponses aux difficultés que nous rencontrons dans l’éducation des enfants, tout en étant solides sur nos fondations, car très au clair sur nos valeurs familiales.
Témoignage 2
J’ai intégré les Chantiers Zèbres en cours d’année et je ne regrette pas, même si l’année a été « écourtée ».
Ecouter les autres raconter leurs expériences et leur point de vue m’a souvent aidé à mieux comprendre mon zèbre et à piocher des « trucs » pour améliorer notre quotidien. La forme du chantier, qui commence par une prière puis continue avec des échanges bienveillants, nous permet à toutes de nous exprimer et de nous raconter et bien sûr de relativiser.
Témoignages 3
Après avoir participé pendant quelques années à un chantier éducation « standard » -qui s’est finalement arrêté- , j’ai eu la chance d’apprendre qu’un chantier-zèbre était lancé près de chez moi.
Ce chantier m’a beaucoup apporté :
- Je me suis sentie accueillie et comprise dans mes difficultés et souffrances face à un/deux enfants différents de la « norme ». La « précocité » de certains enfants est un phénomène connu –notamment dans le quartier- mais il n’est pas toujours bien compris et accepté par certains parents qui y voient une certaine « prétention » et esprit de « superiorité ». De plus, tout parent se sent particulièrement démuni face à son enfant précoce et savoir qu’il n’est pas seul, grace aux témoignage des autres, est très rassurant.
- En réfléchissant et en échangeant sur différents thèmes, je me suis nourrie des expériences des autres et j’ai pris du recul sur mes propres pratiques.
Je suis donc aujourd’hui plus sereine et armée pour avancer dans l’éducation de mes enfants précoces.
Merci pour cette belle initiative qui pourra certainement en aider d’autres.
Témoignage 4
J’ai trouvé un lieu pour parler du trop plein d’émotions qui se transforme en colère et qui devenait invivable pour tout le monde. J’affrontais seule le regard des autres parents ou de la famille. Souvent jugés comme des caprices, je m’enfermais dans l’idée d’être une mauvaise mère.
J’ai trouvé des parents qui vivaient la même chose et leur témoignage m’a aidé à trouver mes propres ressources.
Témoignage 5
Je suis maman de 3 enfants de 9, 7 et 4 ans et ai commencé en septembre ma 3ème année de chantier “zèbre”, à la fois en tant que participante et animatrice.
Le chantier est pour moi un véritable appui dans mon cheminement de maman. J’y puise force et recul et y trouve un précieux soutien.
C’est pour moi un lieu :
- où je sais pouvoir confier et déposer mes inquiétudes -parfois mes détresses- de parents, en toute confiance et sous un regard bienveillant
- où nous pouvons ensemble croiser nos regards, des regards qui portent et encouragent
- où nous partageons des outils concrets, qui aident à avancer
Outre les difficultés que nous y partageons parfois, c’est aussi un lieu où reconnaître et célébrer les talents de nos enfants !
Au travers des thèmes abordés et travaillés ensemble, le chantier est l’occasion d’une prise de hauteur par rapport à telle ou telle problématique éducative ; l’occasion d’une prise de recul pour soi, mais aussi pour son couple lors de la préparation.
La méthodologie nous permet de revisiter les valeurs fondamentales qui nous animent dans l’éducation de nos enfants, celles qui nous font vivre dans notre vocation de parents.
Enfin, dans nos vies bien rythmées aux agendas surchargés, le chantier est l’occasion d’un vrai temps “pour soi” ! Je rentre chaque fois ravie d’avoir réussi à préserver ce moment !