02/02/2021

Bioéthique et chimères animal-homme (RCF)

La loi de bioéthique revient ce mardi en seconde lecture au Sénat. Pascale Morinière souhaite revenir sur le sujet des chimères animal-homme.

Chronique des AFC sur RCF le mardi 2 février

Je constate que cette question des chimères animal-homme suscite l’incrédulité lorsqu’on en parle tellement ce qui deviendrait autorisé ressemblerait à une démarche de science-fiction ou de “savants fous”. Les chimères n’ont pas fait partie des débats des états généraux de la bioéthique et ne figuraient pas dans le projet initial du gouvernement. Elles ont été incluses dans le texte lors de la seconde lecture à l’Assemblée, en juillet dernier. Peu de gens savent de quoi il s’agit en pratique.

On sait déjà fabriquer des chimères d’animaux : le tigron, par exemple. Il s’agirait là de fabriquer des chimères animal-homme afin que celles-ci développent des organes humains qui pourraient être greffés. On sait qu’il est possible de fabriquer de telles chimères.

Cela consisterait à injecter des cellules souches pluripotentes humaines dans un embryon de porc ou de singe avant son implantation utérine. Cet embryon aurait été au préalable manipulé génétiquement afin d’inhiber le développement de ses reins, de son foie ou de son cœur. On imagine pouvoir ensuite prélever sur cet embryon chimérique les organes humains qu’il aurait développés à la place des siens et les utiliser pour pallier les manques de greffons de rein, de foie ou de cœur humains. Mais pour le moment, tout cela reste à l’état d’utopie.

Des conséquences graves

Cela pourrait conduire au rejet de l’éventuelle greffe qui pourrait être tentée, mais aussi la transmission à l’homme de maladies animales. Plus grave, on peut imaginer le risque que consisterait le passage de cellules pluripotentes humaines dans le cerveau de l’animal ou dans les lignées de cellules reproductrices, ovules et spermatozoïdes. Tout ceci sans parler de l’instrumentalisation de l’animal dans ces manipulations. Devant l’ampleur des risques, on devrait faire preuve de la plus grande prudence. Prendre le risque d’une certaine humanisation de l’animal et de la rupture de la frontière entre les espèces est vraiment une démarche de savants fous qui, je le crains, signe l’intention véritable des promoteurs de l’ensemble du projet de loi. 

Mesdames et messieurs les parlementaires, il est vraiment temps de réagir.

Notre fiche complète pour comprendre les notions de la loi de bioéthique.

Partager cet article
Actualité

Ces articles peuvent vous intéresser

Bioéthique : formez-vous pour mieux débattre !
Recherche sur l’embryon
Le transhumanisme : rêve ou catharsis ?