28/04/2025

Unité conjugale : quelle liberté personnelle ?

« Qu’ils soient un ! » Ce vœu formulé lors des mariages n’entraîne-t-il pas la négation des libertés individuelles de chacun des membres du couple ?

À première vue, l’appel à l’unité conjugale sonne le glas de l’autonomie. Et pourtant ! Certes, le « oui » donné engage et oriente fondamentalement les choix quotidiens. Il ne s’agit plus de décider pour soi seul, mais en intégrant l’autre, et avec lui, l’unité du foyer. Mais penser cette nouvelle dimension comme la perte de sa liberté renvoie à une conception adolescente de celle-ci. Et, peut-être, à une compréhension fusionnelle de l’unité conjugale. Car, au contraire, cette nouvelle communauté qui tire son origine du don mutuel des époux est, par excellence, le lieu de croissance de la liberté personnelle. Et, surtout, la vie du couple ne peut grandir et être féconde sans le respect de celle-ci.

En effet, la personne humaine est appelée à se déterminer par elle-même. Là réside sa caractéristique propre. Détruire l’exercice libre de la volonté, c’est comme détruire l’identité personnelle.

 

Soif d’accomplissement

Mais cet exercice ne renvoie pas à l’arbitraire d’un sujet autocentré. Si, à la différence des animaux, l’homme a cette capacité d’autodétermination, c’est parce qu’il ne cherche pas seulement des objets particuliers de satisfaction. Auquel cas, il serait mené par le dynamisme de sa sensibilité et de son affectivité de façon naturellement déterminée. Mais l’homme est un être en qui résonne un appel au bien pris de façon absolu. Nos choix sont une réponse personnelle à cette soif d’accomplissement. Pour être pleinement libres et volontaires, ils demandent de chercher en vérité ce qui nourrit et concrétise notre désir du bien. C’est dans cette lumière du bien, dans lequel nous nous reconnaissons, que se trouve la source intime de notre liberté. Pouvoir nous donner à ce que nous voulons ainsi est porteur de joie, et élargit en même temps cette capacité de don. Telle est bien la nature première du choix dans le mariage, qui se vit au quotidien.

 

Un don porteur de joie

La vie conjugale ne va pas sans contraintes ni efforts, ni manquements divers, qui demandent, via le dialogue et le pardon, des réajustements constants. Elle n’est heureuse et féconde qu’en se vivant dans le respect, pour l’autre et pour soi-même, de cet espace profond de liberté. Permettre à chacun de grandir ainsi personnellement dans ses choix n’est pas un danger pour l’unité, mais plutôt la « garantie » que celle-ci se construit en vérité. La mise en commun dans la vie conjugale, l’élargissement des perspectives, toutes ces réalités choisies qui ordonnent à un bonheur plus grand que le seul bien individuel le permettent, parce que chacun peut grandir personnellement dans sa réponse à cet heureux appel au bien. Fondé sur le don mutuel, le couple est le lieu d’une telle confiance donnée à l’autre.

 

Bénédicte Mathonat, philosophe en anthropologie

Partager cet article
Actualités

Ces articles peuvent vous intéresser

7 thèmes pour vos dîners en amoureux
Crises et croissance du couple : entretiens croisés
Le mariage : un engagement fort ?