Tenir dans la durée demande un effort
Une fois mariés, pourquoi est-il nécessaire de prendre soin de son couple ?
Au début de la relation de couple, on est tout feu tout flamme, c’est beau émotionnellement… Mais ce sentiment va fluctuer au long de notre vie et en fonction des circonstances, c’est pourquoi l’amour ne peut pas durer sans une certaine volonté. On dit qu’un couple, c’est 1+1=3, c’est-à-dire qu’il est composé de chacune des personnes, qui forment à elles deux l’entité du couple. Derrière le 3 il y a la relation du couple. Il est important que chacun des époux se sente responsable de son propre bonheur et n’attende pas tout de l’autre mais qu’il prenne aussi soin de la relation. À certaines périodes difficiles comme un deuil ou une période de chômage, l’un des deux peut « s’absenter » du couple pour un temps. Pour autant, si on a pris soin de la relation, elle restera un appui et l’autre pourra alors nourrir le couple le temps que son conjoint redevienne capable de porter lui aussi la relation conjugale. Je ne crois pas au « zéro crise » ou au « zéro conflit » : c’est tout ce qu’on aura mis en place sans se reposer sur ses lauriers qui permettra de mieux gérer la sortie de crise.
À quels défis particuliers sont confrontés les couples aujourd’hui ?
Le premier d’entre eux est de faire durer son couple, dans une société où cette valeur n’est plus en vogue. Aujourd’hui, quand une machine à laver est cassée, on en achète volontiers une autre plutôt que la faire réparer… La fidélité demande d’autant plus d’efforts. L’autre défi est de marcher à un autre rythme que la course effrénée que nous impose le monde contemporain. Car le temps de la rencontre n’est pas dans le temps rapide. Je recommande de ne pas se laisser envahir par cette multitude de sollicitations qui nous accaparent, y compris dans l’Église. Il est nécessaire de ralentir pour créer un espace de qualité pour son couple. En faire une priorité, c’est nager à contre-courant.
Comment faire quand on n’arrive pas à sortir de la crise ?
C’est l’objet de notre second livre à paraître, Les chemins de la réconciliation. Dans une vie de couple comme dans toute relation humaine, on se blesse forcément. D’abord, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner. Je reçois parfois des couples qui vont très bien, mais ont besoin d’une aide ponctuelle pour surmonter un désaccord à l’occasion d’un déménagement ou d’un départ à la retraite. Et puis, le pardon est essentiel, il est bon de cultiver les petits pardons. Il est un processus qui peut prendre du temps, il faut l’accepter tout en gardant son cœur ouvert à cette démarche. Cela peut être long, surtout pour les grands pardons, de mettre les mots sur ce qui s’est passé, de lâcher cette rancœur, de revenir vers l’autre, de rouvrir un dialogue et d’exprimer un besoin, selon les personnes, de repentance, d’excuse ou de réparation… L’objectif final n’étant pas le pardon, mais le rétablissement de la relation et de la confiance. Comme une corde cassée qu’on répare en la nouant, le pardon rapproche les époux tout au long de leur vie et les rend plus forts.
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