20/01/2025

Consommer : une responsabilité morale

Acte quotidien pour les familles, la consommation implique une responsabilité morale. L’éclairage de la Doctrine Sociale de l’Eglise.

Ce qu’en dit la Doctrine sociale de l’Eglise

Certes, le diagnostic est sombre : « Étant donné que le marché tend à créer un mécanisme consumériste compulsif pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles », écrit François dans Laudato Si’ (§203-206). Pour le pape, l’être humain, pris dans l’engrenage du « paradigme techno-économique » moderne, court le risque de perdre son discernement et son libre arbitre. Le pape fustige encore « l’égoïsme collectif » et la perte de sens de notre société : « plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. » Heureusement, l’encyclique se veut aussi pleine d’espérance : « Les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose. Ils sont capables de se regarder eux-mêmes avec honnêteté, de révéler au grand jour leur propre dégoût et d’initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté. »

Une telle attitude vertueuse peut avoir des conséquences sur toute la société, car les consommateurs et leurs associations sont dotés d’« un nouveau pouvoir politique » du fait de « l’interconnexion mondiale », affirme Benoît XVI dans Caritas in Veritate (§66). Il appelle à ce qu’ils soient « éduqués en permanence sur le rôle qu’ils jouent chaque jour ». Le pape François abonde en ce sens dans Laudato Si’ : « Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social. C’est ce qui arrive quand les mouvements de consommateurs obtiennent qu’on n’achète plus certains produits, et deviennent ainsi efficaces pour modifier le comportement des entreprises, en les forçant à considérer l’impact environnemental et les modèles de production. »

Concrètement, Benoît XVI invite les consommateurs à « ouvrir d’autres voies, comme des formes de coopération à l’achat, telles que les coopératives de consommation, créées à partir du XIXème siècle grâce notamment à l’initiative des catholiques. » Ou encore à « favoriser de nouvelles formes de  commercialisation des produits en provenance des régions pauvres de la planète afin d’assurer aux producteurs une rétribution décente » en veillant à ce « que les producteurs ne reçoivent pas seulement des marges bénéficiaires supérieures mais aussi une meilleure formation, une compétence professionnelle et technologique et qu’enfin des idéologies partisanes ne soient pas associées à de telles expériences d’économie pour le développement ».

Par ailleurs, « les graves problèmes écologiques » de notre époque « requièrent un changement effectif de mentalité » lit-on dans le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église (§486), qui invite à faire de « la recherche du vrai, du beau et du bon » les critères de consommation, d’épargne et d’investissement. Cependant, « la question écologique ne doit pas être affrontée seulement en raison des perspectives effrayantes que laisse entrevoir la dégradation environnementale ; elle doit surtout constituer une forte motivation pour une solidarité authentique de dimension mondiale. »

Le billet spirituel du Père Machenaud

Les occasions de fête autour d’un repas sont nombreuses dans la Bible. Elles disent de différentes manières la relation de Dieu à son peuple. À la manière orientale, le repas y est d’abord signe d’hospitalité et de réjouissance : Abraham le prépare pour son seigneur au chêne de mambré (Gen. 18, 7-8) ; Ragouël accueille Tobias et son compagnon de route pour le dîner (Tobie, 7) – nous verrons par la suite que ce dîner annonce un projet de mariage avec la fille de Ragouël et que ce dernier accepte de donner sa fille à Tobias. Ou encore le père du fils prodigue, tuant le veau gras (Luc, 15, 11-32). Le repas est souvent le lieu privilégié pour sceller un contrat, jusqu’à l’Alliance de dieu avec son peuple, comme la viande rôtie au feu et les pains sans levain que le peuple hébreu est invité à manger en prévision de la sortie d’Égypte et de l’esclavage pour aller en Terre promise. Enfin, les repas auxquels prend part Jésus le Christ, chez Marthe et Marie ou chez le pharisien Simon, nous montrent la proximité de Jésus-Christ avec ses contemporains et témoignent des bienfaits de dieu pour ceux qui l’accueillent. Ce lieu, ce repas, cette proximité, Jésus désire les vivre tout particulièrement. Jusqu’au dernier, la Cène, avant-goût du grand festin que nous serons amenés à partager à la fin des temps.

Le père Pierre Machenaud, prêtre et conseiller ecclésiastique de la CNAFC.

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